kotokoli

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

vendredi, novembre 13 2009

Les origines de Tchaoudjo selon une tradition orale

L’histoire du pays tem est à élaborer et ce travail en incombe aux historiens. Pour le moment l’histoire qui en est diffusée est nourrie des « on dit », c’est-à-dire de la tradition orale dont tout le monde sait les faiblesses. Le texte que je vous propose est un « on dit » mais l’envergure de l’auteur, feu DJOBO Boukari, le classe parmi les textes pensés, donc digne d’attention. Il s’agit d’un manuscrit que l’auteur a distribué au début des années 1990 à certains de ses frères tem à Abidjan dont moi-même. Pour l’auteur qui dit avoir recueilli l’histoire auprès d’un « Grand Vieux » il s’agit d’une pièce à verser au débat intellectuel nécessaire à l’élaboration d’une histoire logique et crédible du pays tem. La saisie informatique du manuscrit et la mise en page sont de moi.

NY 30/11/90

Histoire de Tchaoudjo (ou Région de SOKODE)

Récit recueilli de 1942 à 1952 de OURO-DJOBO KPAKPATOUROU Adam (dit « GRAND VIEUX »), Chef du village de Tchaourodé à SOKODE (né vers 1863 et décédé en 1965).

PLAN

Généralités : origine du nom « TCHAOUDJO »

- Nom du village : « TCHA-OURO-DÈ » = village du Chef

a) TCHA-OURO-DJO = près du Chef (en référence aux montagnes de Tchaoudjo). Et par contraction (avec suppression de la syllabe RO dans Tcha-OuRo-DJO => donne TCHAOUDJO.

b) Ou encore, l’autre nom du village = TCHAWA-DA (ou dans TCHAWA) et, en raccourci, le nom du village = donc « TCHAWA » ; et par altération de la prononciation du « WA » en « WOU » => TCHAOU-DJO c’est-à-dire « près » du village TCHAWA.

- Clan Kpandi : Chaque « clan » en pays Kotokoli a ce qu’il est convenu d’appeler « salutation », où tous les individus sont considérés comme vrais frères et sœurs de sang, descendant du même ancêtre et ne pouvant, en aucun cas, se marier entre eux : les Colis, les Tourés Traorés, Kpandis, etc. Le clan « Kpandi », très infime, actuellement et essentiellement basé à Tchawada, comptant peut-être dans la ville de SOKODE environ 3.000 âmes, est originaire de SOKODE-Centre : leur « salutation » a donné le nom à la rivière Kpandi qui coule dans SOKODE et qui est malheureusement maintenant en voie de disparition.

1/ Migrations

Les premiers arrivés dans la région de SOKODE, venant certainement des confins du Niger/Mali, sont les Colis, puis immédiatement après les Kpandis, (et les Solas restés dans la région de la KARA) ; puis longtemps après les Molas ; et très longtemps bien après et continuant même jusqu’à très récemment (c’est-à-dire jusque vers 1905), les Tourés, Traorés, Mêndê, Fafanas (ou Fofanas), etc.

Il est à remarquer que des mouvements/migrations similaires –sinon identiques- se sont produits dans la région de BAFILO jusqu’à la limite du fleuve KARA.

Il est à noter que l’ethnie Kabraise serait déjà sur place, au-delà de la rivière KARA, bien avant l’arrivée des KOTOKOLIS dans les régions de BIFILO et SOKODE.

2/ Historique

a) Etendue des propriétés du village TCHAOURODE :

- Comme le disait le vieux Kpakpatourou, en balayant de la main : d’ici (TCHAWADA) jusqu’aux montagnes d’Alédjo, de Bassari et de FAZAO et jusqu’aux confins de Blitta et d’Agoulou !!! C’est certainement exagéré, mais ça en donne une idée !! de la grande étendue des terres par rapport à la taille minime et insignifiante du village (peut-être environ 600 âmes à l’époque ?) !!

- Marché de KEDJIKA à Sokodé (réf. Jugement du Chef Supérieur Adjoro de PARATAO vers 1944, partageant moitié moitié avec DIDAOURE et géographiquement la collecte villageoise sur le marché des redevances avant que la mairie ne les reprenne en compte vers 1950 ?)

b) Les Molas :

- très nombreux (au moins 7 villages : Paratao, Tchavadé/Koma, Kpagalam, Kadambara, Brini ??, Fazao, Agoulou, etc.)

- Molas sont des chasseurs et cavaliers alors que les Colis et les kpandis sont cultivateurs.

- Molas sont venus dans la région de Sokodé en provenance de leur village d’origine : TABALOU, situé dans les contreforts des montagnes de Bassari ; ils seraient arrivés là venant certainement des régions »Wangara » du Ghana et Mossi du Burkina Faso.

- Les chefs Molas de TABALOU et de Sokodé, les yeux ne doivent pas se croiser, si oui, au retour chez eux, l’un (le plus faible sur le plan « pouvoireux ») meurt !!!

- La devise du Chef de Tabalou est « Ba bidi guê, bigba, dana têdi kangara », ce qui veut dire « quelles que soient les circonstances nous sommes le Centre de la Terre » !

- Donc les Molas sont des Tems mais des Tems de deuxième arrivée.

3/ Arrivée des Molas dans la région de Sokodé. Zone Sokodé

C’est une vérité historique. - Premiers chasseurs Molas arrivent au village Tchawada (la petite forêt en est et demeure le témoin vivant, à Tchawada) et sollicitent un lieu pour faire la chasse ; et l’autre côté de la route Blitta-Lama-Kara (en face de Tchawada) leur est indiqué.

- Cela explique que tous les villages molas sont restés de ce côté-là jusqu’à récemment quand vers 1950, Kpagalam a débordé en traversant la route Sokodé-Lama-Kara.

- De la chasse => plusieurs vagues de Molas arrivent et s’installent dans cette région indiquée.

- Cavaliers et beaucoup plus nombreux, ils supplantent les autres groupes ethniques déjà sur place notamment les Colis, les Tagbabou, Kpandis, Kpari, etc. et se déclarent « Chef Supérieur » (« Ouro-Esso » : « Roi-Dieu ») « Roi Supérieur » avec devise : « O’gorou kpaï, N’gorou » : « Levez-vous, attrapez-le » = droit du Prince, fait du Prince avec droit de vie et de mort sur tout citoyen ou sujet de la région.

4/ Les Kpandis de Tchawa - La prise de facto et la suzeraineté sur toute la région par des Molas a été favorisée par le fait suivant : du fait des raids esclavagistes sur un si petit village (environ 600 âmes), les Kpandis ont dû déménager pour aller se réfugier d’abord chez les oncles maternels (Kpéwa) dans les montagnes et puis après, à Tchaourodè (derrière les montagnes de Tchoudjo).

- Ceci devrait se passer vers 1820 ???

- Finalement, quand on leur a demandé vers 1935 de sortir sur la route principale, à Kolina actuel, Lomé-Dapango, les Kpandis avaient décidé de retourner plutôt chez eux à Tchawa.

5/ Tem et/ou Kotokoli

- Les Temba (ou les Tems) semblent être les originaires primaires (premières vagues des arrivées des confins du Niger, Mali) ; Tem est synonyme de « 8 aïeux », par opposition aux relativement nouvelles vagues d’arrivée qui étaient déjà plus ou moins islamisées (les Tourés, Traorés, Mende (Mandingues), etc.).

- La dénomination « Kotokoli » doit avoir supplanté la dénomination « Tem » devenu quelque peu péjorative.

- Suivant leur arrivée, apparemment les premiers sont les « Tourés » qui assument les fonctions de « Chef » (ou « Malou Ouro »), c’est-à-dire « Malouwa m’ba dê Ouro », c’est-à-dire le Chef des Musulmans. La deuxième vague musulmane est celle des Traorés qui sont Imams c’est-à-dire Chefs religieux musulmans, ou Tourés et Traorés arrivés en même temps mais partagent les fonctions. Si bien que si vous voulez dans le détail, les authentiques « Tems » sont les Colis Kpandis, Kparis, etc. et non les Molas ; ceux-ci étant dans les vagues successives ultérieures qui ont envahi la région : mais après les authentiques Tems, les Molas sont les premiers à arriver dans la région, suivis longtemps après par les Tourés, Mendés Fafanas. Conclusion : aucune différence entre Tems et Kotokolis parce que tous sont arrivés dans la région par vagues successives.

NYC, 6-1-91

6/ Les Molas de Bafilo

Même chose, les véritables Tems sont les Colis, les Wouroumas ??, Louwos … (réf Bafilo, Kpewa, Alidjo, Koumondé). Les Molas sont l’autre branche également partie de Tabalo pour la région de Bafilo et où, en tant que cavaliers/chasseurs et en plus grand nombre, se sont imposés sur les originaires et se rendre titulaires de « chefferie ».

7/Origine de l’entendement du mot « Ouro-Djobo » en tant que synonyme de « Roi suprême » (ou Chef Supérieur)

Les chefs du village de Tchawa (ou ceux qui dès l’enfance, les parents les destinent à devenir chef de village prenaient le nom de Djobo et quand ils devenaient effectivement chef on ajoutait le mot Ouro qui veut dire chef. D’où Ouro-Djobo équivaut à Chef Djobo.

Comme l’étendue des terres du village était tellement vaste (même infinies pour eux), le mot Ouro-Djobo impliquait une signification de « Grand chef », de Chef Supérieur couvrant une très grande étendue de terre.

Les Molas ne pouvant se marier entre eux, étant du même groupe ethnique (NB : en pays kotokoli, les gens du même clan sont considérés comme vrais frères et sœurs, parce que descendant du même ancêtre donc de même sang) ; et dans l’antiquité s’ils couchaient ensemble, ils étaient ligotés ensemble et noyés vivants dans leur rivière considérée comme de leur origine !!!). Donc les Molas se sont fondus aux locaux et ont emprunté et fait leur titre de chefferie supérieure le Ouro-Djobo avec entendement de Ouro-Esso c’est-à-dire « Roi-Dieu », Chef Suprême.

8/ Quand les Molas copient Tchawa

A Tchawa, quatre grandes familles règnent à tour de rôle (ce n’est pas automatique) ; en d’autres termes, ce n’est pas une dynastie qui est héréditaire directe. Les Molas ont également emprunté ou confirmé ce système ; ce qui fait que dans les villages molas on règne à tour de rôle (pas automatique).

A Tchawa, tous les originaires du village sont des princes et peuvent devenir chef de village, à l’exception des descendants d’esclaves et des ressortissants des autres villages résidant dans le village. Ce système existait-il chez les Molas à Tabalou ? Je ne sais pas mais est-il que le système a été également confirmé ou adopté par les Molas. Si bien qu’en pays Kotokoli pratiquement tout le monde est prince (donc susceptible de devenir chef) une fois retourné dans on village d’origine, et toutefois s’il n’est pas descendant d’esclave.

9/ Les Solas

Une branche kotokoli des premières migrations, bien avant les Tourés, Traorés, Mendê, Fafana, est restée en pays Kabrais dans la région de Kara et installée pendant que le gros de la migration continuait sur les régions de Bafilo et Sokodé.

10/ Kotokoli à Bassari et à Kabou

Guerre des Bassars contre les Konkonbas. Assistance d’environs 200 cavaliers. Kotokolis demeurés sur place (ex Dikeni de Kolina à 17 km de Sokodé).

11/ Propriété des terres

- Toutes les terres de la région de Tchaoudjo étaient censées originellement appartenir au village Tchawa (de part et d’autre de la route Atakpmé-Lama-Kara : environ Blitta-Montagnes, Fazao-Montagnes, Bassari-Montagnes, Alédjo-Kpéwa et Agoulou vers le Dahomey).

- Puis, à l’arrivée des Molas, toute la partie droite de la route Atakpamé-Lama-Kara leur est attribuée pour la chasse ; pour après la considérer de facto, comme leur propriété, étant en nombre et en force.

- Et récemment, à partir de 1970, considérer l’ensemble des terres comme leur propriété, en réunissant quelques chefs (dont la plupart sont des Molas ou alliés) pour leur faire signer que toutes les terres appartenaient aux Molas !!

- Il s’agit là d’une autre vérité historique et une politique de « la loi du plus fort » ou, plus exactement, « du plus nombreux ». - 12/ Propriété réelle juridique des terres

En réalité, les terres appartiennent à tout le village qui a seulement droit de jouissance effective, collectivement ou individuellement.

- La terre ne peut être vendue.

- Personne ou groupe d’individus n’a le droit de se l’approprier individuellement et juridiquement (c’est-à-dire le faire enregistrer en leur nom).

Toutefois, à l’intérieur du village, il y a le noyau des vrais propriétaires originels des terres (ainsi à Tchawa, les quatre familles pouvant régner), qui reçoivent une petite portion (le plus souvent symbolique) comme tribut suite aux cueillettes effectuées dans les rivières (par exemple) de régimes de palmiers à huile, etc. Mais tout ça c’est du passé. Cela a eu cours jusque vers 1950. Depuis !!!

13/ Conclusion

1) Aucune différence entre Tems et Kotokolis ; tous sont des Kotokolis arrivés dans la région Sokodé/Bafilo par vagues successives, plus ou moins anciennes, mais fondus dans la même communauté de fraternité réelle. Toute manœuvre tendant à différencier artificiellement Tems de Kotokolis est une tentative de « diviser pour régner » contre les Kotokolis qui doivent prendre conscience et lutter farouchement contre.

2) La propriété juridique des terres ne doit pas être cause de dissensions graves entre Kotokolis. Il y a assez de terres et une formule appropriée des revenus de vente de certains terrains peut être aisément trouvée.

14// Remarque générale ou NB

Enfin, ceci est grosso-modo, le récit recueilli sporadiquement de mon grand-père de 1942 à 1952, que nous appelons familièrement le « Grand Vieux » (environ 1863-1965) « Ouro-Djobo Kpakpatourou Adam », chef du village de Tchaourodé.

Il a dû faire la part belle à son village, ce qui est humainement compréhensible. Mais, il faut reconnaître que la plupart des faits rapportés, sont exacts et leur véracité peut être vérifiée et confirmée aisément chez les gens et surtout chez les vieux, notamment à Sokodé, Paratao, Kadambara, Tabalou, etc.

Je souhaite vivement que d’autres frères et amis, surtout les historiens, puissent se pencher sur l’histoire de la région, et, en tant que profane, je serais heureux si ceci pouvait s’inscrire, un tant soit peu, dans le cadre de leur recherche.

Djobo BOUKARI Abou OURO-DJOBO NYC 26/1/91

Notes additives 1/ Important Plan à développer (dicter à une secrétaire sténo ??) dès que possible Djobo 28/1/91

2/ 28/1/91 En Bassari TCHA-TCHE = SOKODE => TCHA-DJO ou TCHAOUDJO (Réf. A(bdou) D(ermane) TRAORE, SG)

- Koumonidé : Louwo

- Kpéwa : Wourouma

- Alidjo : Loua, + Molas régnants - Wangara = Bambaras

- Dagbama = Dagombas

dimanche, novembre 8 2009

28 proverbes tem recueillis en 1970 à Kadambara

1

Cɛnɩŋa baa káláwá ná ketéréniika.

Le lépreux n’a que faire d’une bague.

La lèpre est une maladie qui ronge les doigts.

2

A cɔɔ́ ta sá cɛnɩŋa, ka dán zaḿ alikisánɩ

Si la mouche ne parvient pas à se satisfaire auprès du lépreux, elle n’y parviendra pas chez le boucher.

Les plaies du lépreux sont si purulentes que la mouche peut se passer de viande du boucher.

3

Ɖugoogoore tán dʋlʋ́ táárɛ tɔ́nɖɛ

Un cri ne perce pas la peau d’une antilope.

Il ne faut pas se contenter de parler, il faut agir.

4

Ba zʋwáana nya nɛ́, nyáa sɩ sɩ Caaváádɩ cɔɔ́ bolíni

Comme on te porte, tu ne te rends pas compte que Tchavadé est loin.

Tchavadé est un village tem à quelques encablures de Sokodé le chef-lieu du royaume.

5

Woríya ndʋ́ʋ waa na ɖɛɛdɛlɛsɩɖɛ́ nɛ́, sɩ sɩ bɔ́ kɔná yɩ́ ɩwɛɛlɛ́ɛ bíya

Bénéficiaire d’un accueil généreux, le bossu demande qu’on lui fasse venir ses petits-enfants.

Le mendiant (ici un bossu) est toujours tenté d’abuser de la générosité de ses bienfaiteurs.

6

A kadaadɩya na kodoovonúm na bén ɖeezí sɔkɔrɔ́ sɩ sɩ kʋvʋlʋmɩ́nɩ nɖɔɔ !

On n’a pas le droit de donner tort à la pâte de mil parce qu’elle est noire ni donner raison à la pâte d’igname parce qu’elle est blanche.

La justice doit être égale pour tous.

7

Fɔ́ɔ tán nyasɩ ko bu bɩ tála mʋʋ́rɛ

Le chien ne mord pas son petit jusqu’à l’os.

On est moins sévère envers les siens.

8

Kutoluú tɛ́n yɛɛná adɛ baaná

Les fesses n’ont pas intérêt à se fâcher contre le sol.

Il faut savoir pardonner quand il y a des intérêts à sauvegarder.

9

Ʋgɔm tɛ́n zɛlɩ́ ɩsɩɖʋ́ na nʋvɔ́ njɔ́

L’étranger n’est pas celui à qui il revient de saisir un corps à enterrer par les pieds.

On conduit le corps du défunt vers sa tombe les pieds devant. L’étranger qui ignore où se trouve le cimetière n’a pas à le prendre du côté des pieds.

10

Abɔ́nɩ́ jɔ́ bú tán zɩḿ nyɔɔ́sɩ

Auprès d’une vielle, un enfant ne meurt jamais de faim.

Les grands-mères son sensées gâter les enfants. On ne meurt pas de soif près d’une source.




11

A súu wɛ, na bɔ tɔ́ɔ kelimbírée

S’il y a de la pintade, pourquoi manger du poulet ?

On vise toujours ce qui est meilleur.

12

Bú tán mʋzʋ́ ɩ jaa lábááwʋ́ bɩ ka ʋ gɔɔ wɛ

Tant que sa mère vit, le nourrisson ne sera pas contraint de téter la bourse de son père.

La nécessité peut vous conduire à accepter ce que vous jugez détestable en temps ordinaire.

13

Bɛ rɛŋɛná maarɩ wúro ndɛ́ɛ́ na nyán gbaarɩnáa kɔlɔŋááa

Pourquoi se gêner à contempler par-dessus le mur un léopard qu’on conduit sur la place publique ?

Il faut savoir être patient.

14

A siḿka waa yáa tɛ́ɛ́wʋ, ka gʋjʋʋ́ ndáá gɛ́ bɩ́n dɛ́m

L’oiseau qui se plaît à faire venir la pluie l’aura sur sa tête.

On récolte ce qu’on a semé.

15

Buwá wenka ko zumáa nɛ́, kán gbɔwʋ́ kʋ ʋrʋ́

C’est quand une rivière est calme qu’elle peut être dangereuse pour l’homme.

L’habit ne fait pas le moine.

16

A ʋrʋ́ wén zewɔ́ɔ fálálááwʋ ndaá, â bɩ dɛ kɛ́ɛ bɔ́n ɖɔwʋ́ yɩ, wɔ́n ɖɔwʋ́ gɛ

Quand quelqu’un court dans le chiendent, il est soit poursuivi, soit poursuivant.

Pour entreprendre une action pénible, il faut soit y être contraint, soit y trouver un intérêt particulier.

17

Faala cɔwʋ́ gɛ fɩ́nɖɛ nuudi

C’est l’oisiveté qui amène l’homme à se caresser le sexe.

L’oisiveté expose à des futilités

18

Cangbɔ́ɔ ndɛ́lɛ mɔɔná kɔ nɔɔ́

La paume du margouillat est proportionnelle à sa bouche.

On fait la politique de ses moyens.

19

Kelimbíre wɛ́n bɛɛ́ nyɛ́ bɛɛŋɩ́ gɛ́ na ɖɩ lɛ́ɛ́ wáámɩ́lɛ nyɛ́ ndɛ́

Le poulet arrache un maïs de tes mains quand il te juge incapable de le récupérer.

On ne s’attaque qu’au plus faible.

20

Kɔjɔɔrɩya ɖíi tán nɩɩ sɩnɖáázɩ

Manger ensemble chez l’un et l’autre des convives à tour de rôle ne fatigue pas les côtes.

Mettre les moyens ensemble est profitable à chacun.

21

N ɖɔɔndɩ báárɛ tán maazɩ

La danse du voisin ne s’imite pas.

L’imitation ne vaut pas l’originale.

22

Aa zɛ́ɛ nɛ́ a da lɩ́ɩ núm, hálɩ atenka

Si les noix mûres ne donnent pas assez d’huile, ce ne sont pas les vertes qui feront mieux.

Ce n’est pas là où les bons échouent que les mauvais réussiront.

23

Ba vɩ́nɛ lééléé nɛ́ ba da na wɩlásɩ hálɩ bo vóo bo lóódi nɖɔ nɛ́

Si ceux qui sont couchés sur le dos n’ont pas pu voir les étoiles, ceux qui sont couchés sur le ventre ne pourront faire mieux.

Un amateur ne peut pas faire mieux qu’un spécialiste.

24

Kɔzɔŋa tén zéé na ka lʋ́rʋ gaalangáálɔɔ́

Un habile coureur comme le lièvre ne peut pas faire des petits paralytiques.

Chacun hérite des défauts et des qualités de ses parents.

25 Bán jɩɩdɩ́ sɩ sɩ gúúní waa zɩ́, gúúní ta lʋ́rʋ yáá

On se réjouit de la mort du lion ; le lion n’a-t-il pas enfanté ?

On ne met pas fin à un mauvais système en se séparant de l’individu qui le pratique.

26

Bíya ɖɔɔndɩ gɛ agala ŋmanɖʋ́

L’agent chargé de saisir les galettes frauduleuses sur le marché est l’ami des enfants.

Les galettes saisies sont généralement offertes aux enfants.

27

A bén zewɔ́ɔ fɔ́ɔ, ka nyɩ sɩ ka galá rɔɔzɩ́ gɛ́

Quand on craint un chien il croit que c’est à cause de ses crocs.

Le chien ignore qu’il bénéficie du respect qu’on a pour son maître.

28

A nyéé ɖíízi njɛm mʋ́tʋ, nyán lɩɩná kʋ yɩ ɖaawɔ́rɔ́

Si tu fais manger l’aveugle il te demandera de le conduire aux wc.

L’homme a tendance à abuser de la générosité de celui qui lui porte secours.

mardi, octobre 27 2009

Hypothèses sur l'origine et le sens du mot kotokoli

La Communauté tem du Centre du Togo (Sokodé, Bafilo, Fazao) est connue par l'Administration sous le nom de Kotokoli depuis la colonisation. Au sein de la Communauté, certains préfèrent le nom <kotokoli> depuis que, avec les progrès de l'islamisation, le nom <tem> a fini par prendre le sens péjoratif d'infidèle à l'islam. Comme la plupart des désignations des communautés ethniques africaines inscrites par le Colon, <kotokoli> est un sobriquet donné aux Tem par une Communauté voisine. Quelle est donc cette Communauté et que signifie ce sobriquet dans sa langue? Avant de chercher l'origine du mot à l'extérieur certains ont pensé à une origine interne. En tem, il y des expressions du type <ka fa kɛ lɛɛ> 'donner d'une main et reprendre de l'autre', <ke ti ka kpa> 'va-et-vient'. Parmi ces expressions, il y a <kɔ tɔɔ ke li> 'mâcher et, par gourmandise, avaler tout y compris les déchets', qui sonne comme <kotokoli>. L'étymologie populaire a vite fait de trouver dans cette expression l'origine de notre sobriquet. Mais on ne voit pas pourquoi dans la même langue et chez les mêmes locuteurs <kɔ tɔɔ ke li> est obligé de se transformer en <kotokoli>. De plus, on ne voit pas quelle logique amenerait un peuple à se railler et se mépriser lui-même. L'orignie du sobriquet ne peut être qu'externe. La première tentative tablant sur une origine extérieure de <kotokoli> a été faite par les Colons allemands. P. Müller (Beitrag zur Kenntnis der Tem-Sprache (Nord-Togo), Afrikanische Studien, Berlin, 1905) prête au comte Zech les propos suivants : "Les Haussa, de la région où l'on parle Dendi sur le Niger ... appellent ... les Temba et leur pays Kotokoli", les deux premiers o du mot étant des o ouverts et portant des accents aigus. Les Administrateurs français ayant résidé en pays tem (J-C Froelich et R Cornevin) ont emboîté le pas des Alleamnds tout en précisant que c'est à la suite d'une transaction commerciale mal terminée entre des Tem et des négociants originaires de la Boucle du Niger (Hausa, Dendi, entre autres) que, par dépit, les étrangers surnommèrent leurs mauvais partenaires tem <kotokoli> avec le même sens que <ka fa kɛ lɛɛ>. De deux choses, l'une : Ou bien ils ont repris l'expression tem en la prononçant mal; mais on ne voit pas comment une mauvaise prononciation de <ka fa kɛ lɛɛ> donnerait <kotokoli>. Ou bien dans la langue des commerçants déçus il existe un mot ou une expression prononcée <kotokoli> avec le sens de 'donner d'une main et retirer de l'autre'. Les recherches en hausa et en dendi n'ont rien donné dans ce sens. Il est signalé tout au plus qu'en dendi de Kandi le maïs est appelé d'un nom dont la prononciation se rapproche du nom que ce céréale a en zarma, une variété dialectale, <kolgoti>. Les Dendi voisins des Tem sont ceux de Djougou et non ceux de la lointaine citéde Kandi. Dans tous les cas, parmi les céréales cultivés et consommés, les Tem préfèrent de loin le sorgho au maïs. Il n’y a donc aucune raison qu’on les assimile à ce céréale d’introduction récente qui plus est. Les Tem ont des voisins au sud de leur territoire. Les Anyanga de Blitta et d’Anié sont les voisins immédiats. Mais avant ceux-ci les Tem échangeaient avec ceux qu’ils appellent Aŋʋna et qui doivent être les Aŋlon de Kéta, un grand centre commercial sur la côte atlantique, dans l’actuel Ghana. Parmi les échanges avec les Tem, il y avait les esclaves que des mercenaires au service du Roi tem de Tchaoudjo venaient entreposer à Yomaa Boua (Rivière des Esclaves) entre les actuelles villes de Sotouboua et de Blitta au Togo. Le reste du chemin vers Kéta était assuré par des convoyeurs aŋʋna. Le long du chemin, il y a les Anyanga, les Akposso puis les Aŋlon. Y a-t-il dans l’une des langues parlées par ces peuples un mot identique ou proche de <kotokoli> ? Un dictionnaire récent destiné à l’éwé du Ghana, notre aŋʋna, (Ewe Dictionary (Health Domain), 2007)) publié par l’Université de Legon, Accra, signale le mot <kɔtɔkɔli> qui désigne le goitre. La découverte de ce mot est éclairante. Les esclaves convoyés à Kéta, parce qu’ils viennent pour la plupart des zones montagneuses (Fazao, Bassar, Atakora) devaient compter parmi eux des goitreux, le goitre étant endémique dans les zones à carence d’iode que sont les montagnes. Or la langue parlée à Kéta est l’éwé, objet du récent dictionnaire. On imagine que contrariés par des convois d’hommes et de femmes que l’enflure du cou déprécie, les trafiquants éwé aient surnommé les esclaves originaires du Centre de l’actuel Togo des <kɔtɔkɔli> (terme qui ne pouvait être transcrit à l’époque que kotokoli). En attendant de vérifier si un terme équivalent existe en anyaga ou en akposso ou une des langues traversées par la route Yomaa Boua-Kéta, l’hypothèse de l’origine et de la signification du mot <kotokoli> est celle-là.